Le Comité français de libération nationale a pour mission entre 1943 et 1944 d'unifier l'effort de guerre français et de préparer la Libération. Il succède à la France libre et est issu de la fusion du Comité national français et du Commandement en chef français civil et militaire d'Alger.
Contexte
Le 24 septembre 1941, Charles de Gaulle créé le Comité national français, successeur du Conseil de défense de l'Empire. Ce comité reçoit deux objectifs majeurs : unifier la résistance française et obtenir une reconnaissance internationale permettant des relations plus étroites avec les pays alliés.
Création
L'arrivée de Charles de Gaulle à Alger
Le 30 mai 1943, le général De Gaulle arrive secrètement à Alger, alors sous l'autorité du régime de Vichy. A son arrivée, le chef de la France libre est accueilli par un service de protection constitué de quelques Français libres.
Au cours de la journée, le futur président est reçu par Henri Giraud, alors à la tête du Commandement en chef français civil et militaire, l'organe gouvernemental vichyste à Alger. Pendant cette entrevue, Charles de Gaulle révèle les raisons de cette soudaine venue en Afrique du Nord. Il s'agit d'une première prise de contact en vue de rallier Giraud aux causes de De Gaulle.
La première réunion de travail
Le lendemain, une première réunion de travail se déroule. Plusieurs personnalités assistent à cette réunion, dont Alphonse Georges, Jean Monet, Georges Catroux ainsi que Henri Giraud et Charles de Gaulle accompagné d'André Philip et de René Massigli.
Au cours des échanges, De Gaulle présente son souhait : constituer un gouvernement français capable de défendre et de représenter les intérêts des Français auprès des Alliés.
En conséquence, il propose à Giraud d'abandonner le cumul du poste de dirigeant du commandement en chef militaire et de la présidence du pouvoir civil, et que la totalité des proconsuls vichystes soient congédiés.
Henri Giraud refuse la première proposition en expliquant qu'il est important de disposer d'un seul chef pour ces deux postes. Il en est de même pour la seconde. Ces refus mettent un terme à cette première réunion de travail.
Un nouvel échange se produit l'après-midi entre les deux hommes.
Charles de Gaulle accepte le cumul des deux fonctions par Giraud à la condition que les chefs territoriaux compromis en Afrique du Nord soient immédiatement démis de leur poste. Henri Giraud refuse une nouvelle fois la proposition de De Gaulle.
La conférence de presse du 1er juin
Le 1er juin, le chef de la France libre mène une conférence de presse à la villa des Glycines, nouveau quartier général de De Gaulle à Alger. Face aux journalistes, il exprime publiquement les raisons de sa venue en Algérie : la constitution avec Giraud d'un pouvoir central français avec attributions gouvernementales.
Le soir même, le grand Charles reçoit la démission de Marcel Peyrouton, gouverneur général de l'Algérie. Peyrouton exprime son souhait de faciliter l'union des Français et exprime son souhait à De Gaulle de servir en qualité de capitaine d'infanterie coloniale.
Le chef de la France libre accepte cette décision du gouverneur et l'invite à se mettre à la disposition du commandant en chef des FFL au Levant. Il décide de rendre public le contenu de cette lettre. En parallèle, Peyrouton a adressé à Giraud une lettre identique. Henri Giraud ordonne alors au gouverneur de rester à son poste, craignant d'être menacé par Charles de Gaulle.
Le 3 juin 1943
Le 3 juin 1943 à 10h00, les personnalités présentes lors de la première réunion de travail se réunissent pour mettre en place le Comité français de libération nationale. Charles de Gaulle propose alors une ordonnance accompagnée d'une déclaration visant à créer le nouvel organe de gouvernement en exil. Ces deux propositions sont adoptées par les membres présents. Il est évoqué que cette nouvelle entité " prenne fin à compter du jour où un gouvernement provisoire pourra être initié conformément aux lois de la République".
Rôle
Au cours de la réunion, un pouvoir central français unique est créé. Celui aura pour rôle : la souveraineté française, la gestion et la défense de tous les intérêts français dans le monde, l'autorité sur tous les territoires et forces alors placés sous le contrôle des deux précédentes entités, et les prérogatives diplomatiques.
Composition
Lors de la constitution du Comité français de libération nationale, Charles de Gaulle et Henri Giraud en prennent la coprésidence. Cette coprésidence persistera jusqu'au 2 octobre 1943.
Le 3 juin 1943, les deux hommes nomment cinq premières personnalités : René Massigli, commissaire aux Affaires étrangères ; André Philip, commissaire à l'Intérieur ; Jean Monnet, commissaire à l'Armement, à l'Approvisionnement et à la Reconstruction ; Alphonse Georges, commissaire d'État ; et Georges Catroux, commissaire à la Coordination des affaires musulmanes.
Cette série de nomination est complétée le 7 juin par la nomination de : René Pleven, commissaire aux Colonies ; Henri Bonnet, commissaire à l’Information ; André Diethelm, commissaire à la Production et au Commerce ; Adrien Tixier, commissaire au Travail et à la Prévoyance sociale ; René Mayer, commissaire aux Communications et à la Marine marchande ; Maurice Couve de Murville, commissaire aux Finances ; et Jules Abadie, commissaire à l’Éducation nationale, à la Santé publique et à la Justice.
Cette entité fera l'objet de plusieurs remaniements majeurs dont le plus marquant se produit le 9 novembre 1943. Ces remaniements désigneront de nouveaux commissaires, modifieront les postes de certains commissaires ou encore nommeront De Gaulle au poste de président unique.