Les maquis de la Résistance
- Emeline Dirand
- 6 avr.
- 4 min de lecture

Expression issue du corse piglià a marchja (« prendre le maquis »), signifiant se réfugier dans la forêt pour se soustraire aux autorités, les premiers camps, d’abord refuges, ont su évoluer pour devenir une véritable composante de la Résistance française.
Contexte historique
Le 22 juin 1940, l’armistice est signé entre l’Allemagne victorieuse et la France défaite. Le pays est alors divisé entre les zones d’occupations allemandes au nord, et le régime de Vichy dirigé par le maréchal Pétain au sud, au mode de fonctionnement autoritaire, collaborationniste, antisémite et xénophobe.
La Relève
En juin 1942, le IIIe Reich envisage de réquisitionner des travailleurs français pour pallier le manque d'ouvriers allemands, mobilisés au front. Le chef du gouvernement de Vichy, Pierre Laval, obtient un marchandage : trois travailleurs spécialisés français contre la libération d’un prisonnier de guerre. Ce système prend le nom de « La Relève » et une campagne de propagande est diffusée de manière ininterrompue, à destination des jeunes, afin de mobiliser de manière volontaire, le maximum de main d'œuvre.

Le service du travail obligatoire
Cependant, malgré tous les efforts déployés par le régime de Vichy, ce système est un échec total, avec seulement 90 000 prisonniers libérés sur plus d’un million retenus en Allemagne. Pourtant, les besoins allemands continuent de croître, et c’est ainsi qu’en février 1943, l’Allemagne impose aux français le Service du travail obligatoire (STO). Réquisition et transfert, contre leur gré, de milliers de travailleurs français afin de participer à l’effort de guerre allemand, sans cesse grandissant.
Formation des premiers maquis
Dans un premier temps, les maquis se sont formés en 1942, à l’initiative de réfractaires ayant décidé de se cacher pour fuir le départ en Allemagne au titre de la Relève, puis à partir de février 1943 pour échapper au STO. Les zones rurales sont assaillies par un fort exode, avec une préférence pour les zones forestières montagneuses. Des camps de regroupement sont aménagés à la hâte, dans des fermes ou des chalets d’alpage abandonnés, voire même dans des cavernes naturelles, des grottes ou des hameaux isolés, et sont ravitaillés par les populations locales.
Organisation stratégique des camps
Quelle position donner aux maquis au sein de la Résistance ?
Face à l’afflux croissant de réfractaires, majoritairement des jeunes sans aucune expérience militaire, leur sort provoque d’importants désaccords au sein des autorités de la Résistance. Certains y voient l’opportunité de former ces jeunes à devenir des combattants, d’autres s’y opposent catégoriquement évoquant leur important manque d'expérience et les risques liés à l’organisation d’une résistance armée pouvant compromettre le bon déroulement d’un débarquement en France.
Néanmoins, tous finissent par s’accorder sur le fait qu’il est indispensable d’encadrer les maquisards. C’est alors que des structures sont mises en place pour transformer les maquis refuges volontaires en maquis combattants. Une école de cadres est créée afin de doter les camps de responsables expérimentés, ainsi qu’un Service national maquis (SNM) ayant pour but d’enseigner aux volontaires le maniement des armes et la discipline militaire. Environ 35 000 maquisards sont formés, ce qui ne représente que 15 à 20% du total des réfractaires en France. Les maquis refuges et les maquis combattants cohabiteront jusqu'à la Libération.
Reconnaissance de l’importance des maquis pour la Libération
Petit à petit, Londres et le général de Gaulle, qui étaient d’abord opposés à la transformation en maquis combattants, mesurent l’importance de leur création. Dans le cadre de la préparation du Débarquement, ils sont intégrés aux plans stratégiques. Anglais et Américains décident d’approvisionner lourdement les camps en armes et munitions par le biais d’importants parachutages.
Sous les ordres de la France Libre, les maquis sont organisés autour de deux stratégies différentes : les maquis mobilisateurs, composés de plusieurs milliers d’hommes puissamment armés qui passeront à l’action après le Débarquement sur les arrières de l’armée allemande (Maquis de l’Ain-7000 hommes, Maquis du Vercors-3900 hommes, Maquis de St Marcel-2500 hommes, entre-autres), et les petits maquis mobiles composés de quelques hommes, axés vers l’action directe (sabotages, guérillas, pillages…) qui imputeront de nombreux dégâts stratégiques aux allemands durant toute l’Occupation.
Résistance et patriotisme
Considérés comme des terroristes par le régime de Vichy, les allemands et les gouvernements fascistes voisins, sans l’aide des populations locales, les maquis ne durent pas. Les hommes et les femmes doivent se faire apprécier pour être soutenus sans faille. Ils organisent, entre autres, des événements symboliques et patriotiques, comme la spectaculaire commémoration du 11 novembre 1943 à Oyonnax, où 200 maquisards ont pris l'immense risque de défiler dans la ville en toute illégalité, les allemands se trouvant à moins de 15 km, et de déposer au pied du monument aux morts une gerbe de fleurs avec un message puissant « Les vainqueurs de demain à ceux de 14/18 ».

Devenus l’un des symboles de la Résistance, les maquis ont dû faire preuve de ténacité tout au long de leur existence afin de s’imposer au sein des différentes instances de la résistance intérieure française (RFI), et devenir une des pierres angulaires de la Victoire française sur l’Allemagne nazie.