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Les réfugiés juifs à Shanghai


Vue depuis la cour du Musée des réfugiés juifs de Shanghai, montrant l'ancienne synagogue Ohel Moshe (au centre) et les salles d'exposition (à gauche et à droite)  ·  © Auteur inconnu / Travail personnel
Vue depuis la cour du Musée des réfugiés juifs de Shanghai, montrant l'ancienne synagogue Ohel Moshe (au centre) et les salles d'exposition (à gauche et à droite)  ·  © Auteur inconnu / Travail personnel

Alors que les persécutions nazies forçaient des milliers de Juifs européens à fuir leur pays, Shanghai devient l’un des rares refuges accessibles sans visa. Entre 1938 et 1941, plus de 20 000 réfugiés trouvèrent asile dans cette ville portuaire chinoise, malgré les conditions précaires et l’occupation japonaise. Le Shanghai Jewish Refugees Museum, situé dans l’ancienne synagogue Ohel Moishe, rend hommage à cette histoire méconnue, préservant la mémoire de ces exilés, de leurs épreuves et de leur résilience.



Le Shanghai Jewish Refugees Museum : témoignage d’un exil et d’une reconstitution


Retracer la vie quotidienne des réfugiés juifs de Shanghai : tel est l’objectif du Shanghai Jewish Refugees Museum. Le musée a été construit autour de la synagogue Moshe, située dans l’ancien quartier juif de Shanghai.Au cours de votre visite, vous découvrirez les moments de vie de nombreuses familles juives ayant fui le Troisième Reich. Du voyage qui les a conduites à Shanghai à leur départ, le musée retrace l’histoire de ces Juifs qui ont dû tout quitter pour reconstruire leur vie dans cette ville. Grâce à de nombreuses donations au fil des années, on peut y voir un millier d’objets ayant appartenu à ces familles.


Avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, l’antisémitisme se renforça, poussant de nombreuses familles à fuir pour survivre. Environ 20 000 réfugiés réussirent à obtenir des passeports pour rejoindre cet « exil » dans un pays inconnu. La Chine était alors un véritable havre pour les Juifs, étant l’un des rares pays ne demandant pas de visa. Mais l’arrivée ne fut pas de tout repos. Bien que des groupes d’aide humanitaire aient été créés sur place, l’aide restait souvent insuffisante face au nombre de réfugiés. C’est grâce au Comité de Distribution Juif (Joint Distribution Committee) qui continua d’envoyer de l’argent que les associations locales purent mettre en place des soupes populaires et des logements pour les familles. 


Au fil des ans, le musée a collecté de nombreux objets ayant appartenu à ces réfugiés : passeports, tickets de rationnement, et même une reconstitution des appartements dans lesquels ils logeaient.



Le ticket d’embarquement de la famille de Becky Grebenshikoff, Shanghai Jewish Refugees Museum ·  ©  Auteur inconnu / Travail personnel
Le ticket d’embarquement de la famille de Becky Grebenshikoff, Shanghai Jewish Refugees Museum ·  ©  Auteur inconnu / Travail personnel

Pendant une décennie, la communauté juive se développa. Des écoles, des journaux et des synagogues furent créés. Une partie du musée raconte aussi les histoires d’amour, de mariages et de naissances qui se sont tissées en ces lieux. L’une des pièces phares du musée est la robe de mariée de Betty Grebenshikoff, dont elle fit don au musée en 2013.



La robe de mariée de  Betty Grebenshikoff, cousue par sa belle-mère pour son mariage, Shanghai Jewish Refugees Museum ·  ©  Auteur inconnu / Travail personnel
La robe de mariée de  Betty Grebenshikoff, cousue par sa belle-mère pour son mariage, Shanghai Jewish Refugees Museum ·  ©  Auteur inconnu / Travail personnel

Durant votre visite, un élément pourrait particulièrement vous marquer : l’entente entre la communauté juive et les habitants locaux. Malgré les différences culturelles et linguistiques, les deux communautés ont su vivre ensemble, notamment après 1943, avec la création d’un ghetto par les autorités japonaises. Les conditions de vie s’y dégradèrent. Pour sortir du ghetto, il fallait obtenir un permis et porter un badge portant le caractère 通, un symbole faisant écho à l’étoile jaune en Europe.



Photo d’une fille juive avec ses amies chinoises, Shanghai Jewish Refugees Museum ·  ©  Auteur inconnu / Travail personnel
Photo d’une fille juive avec ses amies chinoises, Shanghai Jewish Refugees Museum ·  ©  Auteur inconnu / Travail personnel

Malgré ces conditions difficiles, la plupart des familles survécurent. À la fin de la guerre, beaucoup partirent à la recherche d’une vie meilleure aux États-Unis, en Australie et en Israël.

Ce musée raconte une partie souvent méconnue de la Seconde Guerre mondiale. Pour les familles ayant vécu à Shanghai, il revêt une importance cruciale : il raconte une histoire qui ne doit jamais être oubliée. Shanghai restera à jamais un lieu spécial dans le cœur de ces réfugiés. Lors de sa visite du musée en 2013, Betty s’exprima ainsi :


« J’ai eu des bons et des mauvais moments à Shanghai, mais j’essaie de me concentrer sur les bons et sur les amitiés avec les habitants de Shanghai. J’ai quatre filles, un fils, des petits-enfants et des arrière-petits-enfants, mais sans Shanghai, je n’aurais rien eu. » - Betty Grebenshikoff

Ce musée est un lieu de mémoire et de commémoration pour toutes les familles juives ayant dû fuir l’Europe pour se réfugier en Chine.

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