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Photo du rédacteurAlexis Kica

Les évacuations des populations civiles en France en 1939-1940


Plan d'évacuation de Strasbourg et de ses faubourgs · © Auteur inconnu / CRDP d'Alsace

Dès le début de la guerre, plusieurs centaines de milliers de civils français sont contraints d'évacuer leur domicile sur ordre des autorités. Ces évacuations se produisent à l'Est de la France en Alsace, en Moselle ou dans la Meuse, mais aussi dans le Sud-est du territoire, dans les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence.



L'élaboration du plan d'évacuation


A la suite de la Première Guerre mondiale, les autorités françaises entreprennent la construction de la ligne Maginot aux abords de la frontière franco-allemande. Cette ligne fortifiée a pour objectif d'empêcher toute nouvelle tentative d'invasion du territoire français par l'Allemagne.


En parallèle de ce projet militaire, le gouvernement français débute l'élaboration d'un plan d'évacuation des populations civiles résidant dans les zones frontalières ou susceptibles de faire l'objet d'affrontements. Les principaux objectifs sont de préserver les civils des combats, et de faciliter les mouvements des troupes militaires.


Le plan rédigé par l'état-major comporte plusieurs étapes dans son application.

La première est l'émission de l'ordre d'évacuation des personnes résidant dans les zones soumises aux évacuations.


La seconde est l'acheminement des habitants évacués vers des centres de regroupement.

La troisième est le transit des évacués vers des structures d'accueil réparties dans les départements peu peuplés situés dans le Sud-Ouest tel que les Landes ou encore le Gers. Cet acheminement est réalisé par l'affrètement de trains, mais aussi via des routes balisées.



Les évacuations


En Alsace


Le 1er septembre 1939, jour du début de la mobilisation générale française en réponse à l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie, l'ordre d'évacuation de la ville alsacienne de Strasbourg est émis par les autorités. La ville est entièrement vidée de ses habitants en moins de deux jours.


Dès le lendemain, les habitants résidant le long de la frontière doivent évacuer, en emportant 30 kilogrammes de bagages au maximum, vers les centres de regroupement situés dans les Vosges. A la suite de ce premier déplacement, les civils évacués sont acheminés en direction du Sud-ouest de la France.


Le 9 septembre 1939, les habitants évacués sont redirigés vers le Sud de la France.

Les populations originaires du Bas-Rhin sont accueillies en Dordogne, en Haute-Vienne et dans l'Indre.

Les populations originaires du Haut-Rhin sont elles accueillies dans le Gers, la Haute-Garonne et les Landes.


Au total, plus de 374.000 Alsaciens issus de 181 communes sont contraints de quitter leur domicile afin de fuir la guerre.


Le 13 juin 1940, une deuxième vague d'évacuation est ordonnée sous la menace d'un encerclement par les Allemands de la 8e armée française dont la mission est de garder le Rhin.

Le lendemain, jour de la prise de Paris par les Allemands, les services administratifs encore en fonctionnement en Alsace se replient.


En Moselle


Entre septembre et octobre 1939, les habitants de l'avant de la ligne Maginot en Moselle reçoivent l'ordre d'évacuation comme les habitants d'Alsace. Ils seront suivis par les habitants de la zone arrière à la ligne en mai 1940.


Les évacués sont transférés dans les départements de la Vienne, de la Charente, de la Charente-Inférieure, de la Loire, de la Saône-et-Loire et du Pas-de-Calais.


Les conditions d'accueil des réfugiés dans les villes d'hébergement sont très rapidement dégradées du fait de la surestimation de la capacité d'accueil des communes ou encore la concentration dans certaines d'entre elles de personnes âgées ou de jeunes enfants.


Dans la Meuse


Tout comme les habitants d'Alsace-Moselle, les habitants de la Meuse subissent les évacuations dès le 1er septembre 1939 à l'exception de quelques habitants ruraux indispensables pour les récoltes et travaux agricoles.


Un changement de situation intervient le 11 mai 1940 après que l'armée française ait ordonné l'évacuation des cantons de Stenay et Montmédy vers Dijon, Clermont-Ferrand et la Charente. Ces nouvelles évacuations ne peuvent se faire dans leur totalité par les réseaux ferrés surchargés ou par des moyens motorisés. L'évacuation se fait donc en charrette, à bicyclette ou à pied sur plusieurs centaines de kilomètres.


Dans le Sud-est


Les populations frontalières du Sud de la France ne connaissent pas aussi rapidement le même sort que les habitants de l'Est du pays.


Les premières évacuations débutent en juin 1940 par les habitants de Menton, de la partie orientale des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence. Ces nouveaux évacués sont transférés vers les villes du littoral méditerranéen comme Cannes, Antibes ou encore Grasse, mais aussi vers le département de la Lozère.



Les retours


Dès juillet 1940, les autorités allemandes invitent tous les citoyens français évacués dans le Sud de la France à regagner leur domicile avant la mise en application des restrictions liées à l'armistice dont notamment la ligne de démarcation.

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